Diana Krall

Révélation des années 1990, Diana Krall (née au Canada le 16 novembre 1964) a redonné au jazz vocal ses lettres de noblesse et rencontré le grand public avec une série d’albums tournés vers les standards du genre ou ouverts à d’autres styles (chanson traditionnelle, pop rock). Sa voix douce et chaleureuse et sa musicalité font le charme des disques à succès tels que All of You (1997), The Look of Love (2001) ou Quiet Nights (reprises de standards façon bossa nova, 2009). Madame Elvis Costello à la ville, la chanteuse canadienne change radicalement de style sur le bouillant Glad Rag Doll (2012), suivi trois ans plus tard par les reprises des années 1960-1970 de Wallflower. En 2017, elle retrouve ses accents jazz dans Turn Up the Quiet, son dixième album pour le label Verve.

Diana Jean Krall naît le 16 novembre 1964, à Nanaimo (Canada), au sein d’une famille de musiciens et mélomanes. Enfant, Diana apprend à apprécier les classiques du jazz, comme Nat King Cole ou Fats Waller, mais aussi Frank Sinatra et l’opéra. Elle commence à apprendre le piano à l’âge de quatre ans, joue dans des restaurants durant son adolescence et rejoint un groupe de jazz dans son lycée, commençant d’emblée à chanter en s’accompagnant au piano.

En 1981, le Festival du Jazz de Vancouver lui décerne une bourse pour étudier au Berklee College of Music, à Boston (Etats-Unis). Après un an d’études, elle revient en Colombie-Britannique et reprend le circuit des clubs : cela lui permet de se faire entendre, un soir, par le musicien et compositeur de jazz Ray Brown, qui est suffisamment frappé par son talent pour la prendre sous son aile. Sur son conseil et grâce à une nouvelle bourse d’études, Diana Krall s’établit à Los Angeles pour y étudier avec le pianiste Jimmy Rowles, qui l’aide à perfectionner son chant. Elle s’installe ensuite à New York, où elle s’emploie à développer encore sa technique musicale et sa maîtrise vocale : elle y fonde également un trio de jazz, avec lequel elle décroche plusieurs engagements à Boston.

Diana Krall bourlingue un peu et, à la fin des années 1980, joue dans un hôtel de luxe de Zurich : elle collabore avec Vince Benedetti, un jazzman américain expatrié en Suisse, et enregistre Heartdrops, un album qui ne trouve pas d’éditeur. En 1993, Diana enregistre son premier album américain, Stepping Out, avec la collaboration de deux amis de Ray Brown, les jazzmen John Clayton et Jeff Hamilton. Le succès vient en 1995 avec son second album, Only Trust Your Heart, réalisé avec le concours de Ray Brown et de plusieurs autres jazzmen renommés : grâce au travail de promotion du producteur Tommy LiPuma, l’alliance de charme et de musique feutrée de Diana Krall touche le public et la chanteuse tourne bientôt aux Etats-Unis, au Canada et en Europe.

Avec son troisième album, All of You, conçu comme un hommage à Nat King Cole, la chanteuse cimente son succès : elle décroche une nomination aux Grammy Awards et reste durant soixante-dix semaines au classement des albums de jazz les plus vendus. Chanteuse de talent et de charme, reconnue pour sa capacité à insuffler une nouvelle vie à des standards du jazz, Diana Krall se distingue également par sa capacité à s’entourer de musiciens de premier ordre : c’est ainsi qu’elle s’entoure du guitariste Russell Malone et du contrebassiste Christian McBride pour son quatrième album, Love Scenes, qui atteint la première place des ventes d’albums de jazz.

Le physique avantageux de la belle blonde Diana Krall, inhabituel pour une chanteuse de jazz, est astucieusement utilisé pour sa promotion, à un point qui gène un peu l’intéressée elle-même, certains journalistes particulièrement inspirés la qualifiant de « Sharon Stone du jazz ». Ses déplacements sont ainsi soigneusement mis en scène : quand la chanteuse interprète la chanson « Why Should I Care ? » sur la bande annonce du film de Clint Eastwood Jugé coupable, elle est envoyée jusqu’au Festival de Cannes pour en faire la promotion, sous les flashes des photographes. La chanteuse vit par ailleurs assez intensément sa collaboration avec Clint Eastwood, qui la dirige comme il le ferait d’une comédienne lors de l’enregistrement de la chanson. Diana Krall, à sa grande surprise, se retrouve propulsée diva du jazz et authentique star de la chanson, sa douce blondeur ramenant à la musique noire américaine un peu de lustre auprès du grand public.En 1999, Diana Krall atteint la consécration avec When I Look in Your Eyes, sorti chez Verve Records, qui remporte le Grammy Award dans la catégorie « album de l’année » ; elle renforce l’année suivante son statut de vedette de la chanson américaine en réalisant une tournée avec le légendaire vétéran Tony Bennett. Le Canada honore sa fille prodigue, qui reçoit en 2000 les honneurs du Order of British Columbia et entre quelques années plus tard au Canada Walk of Fame.

En 2001, elle se lance dans l’aventure de sa première tournée mondiale, incluant la Chine, la Turquie et l’Australie et donnant lieu à la sortie d’un album live, enregistrement de son concert parisien à l’Olympia. Diana Krall – Live in Paris est un nouveau triomphe pour la chanteuse, qui connaît, aux Etats-Unis et surtout au Canada, des chiffres de vente impressionnants pour une artiste de jazz : elle empoche un nouveau Grammy Award (dans la catégorie meilleure artiste de jazz), ainsi qu’un Juno Award. Vedette multimédia, la pianiste-chanteuse sort également des DVD de ses concerts à Paris et au Festival de Jazz de Montréal. En 2002, à la faveur du succès de la chanteuse, Heartdrops, son premier album, connaît enfin la distribution commerciale.

Tout va bien pour Diana Krall, dont la fréquentation de la crème du monde musical s’étend jusqu’à sa vie privée : en 2003, elle épouse Elvis Costello. Ce dernier l’encourage et l’aide à écrire elle-même ses chansons. La chanteuse, qui manquait jusque-là de confiance dans ses talents d’auteur et se distinguait surtout jusque-là en reprenant des standards,, se lance dans l’aventure et sort en 2004 l’album The Girl in the Other Room, qui marche légèrement moins bien que les précédents aux Etats-Unis (tout en réalisant un score fort enviable) mais remporte un grand succès dans les autres pays anglo-saxons, ainsi qu’en Asie. Outre ses propres textes, Diana Krall interprète sur l’album une reprise de Tom Waits, « Temptation », qui lui vaut la première place des World Jazz Charts.

En 2004, la belle chanteuse a l’insigne honneur de chanter en duo avec Ray Charles le morceau « You Don’t Know Me », sur le dernier album du vétéran aveugle, Genius Loves Company. L’année suivante, Diana Krall sacrifie à la tradition nord-américaine des albums de chansons de Noël, en sortant un album dans cette veine, Christmas Songs, réalisé avec la collaboration du Clayton-Hamilton Jazz Orchestra (John Clayton, Gerald Clayton, Jeff Clayton et Jeff Hamilton). En 2006, la très productive chanteuse sort un nouvel album, From This Moment On, où elle revient à son habitude d’interpréter des standards, s’attaquant notamment à Irving Berlin et Cole Porter. Numéro un des ventes au Canada (où il est classé double disque de platine), l’album se place également très bien au hit-parade américain, dominant sans peine les classements de disques de jazz, se classant également dans le Top 10 des ventes générales en France et en Italie.

La chanteuse qui reprend une douzaine de standards à la sauce brésilienne dans l’album Quiet Nights (2009) effectue un véritable virage stylistique et musical dans l’opus suivant, Glad Rag Doll (2012), porté sur les reprises de l’âge d’or du jazz classique (années 1920 à 1960), entre ragtime et rock électrique. La pochette qui dévoile Diana Krall en tenue de nuit ne manque pas de surprendre. Un album de reprises chasse l’autre et trois ans après, c’est au style soft rock des années 1960 et 1970 que Diana Krall rend hommage à travers ses interprétations de tubes chantés par The Mamas and the Papas, Elton John, Harry Nilsson, Eagles ou Bob Dylan. Au menu de Wallflower figure une composition inédite signée Paul McCartney, « If I Take You Home Tonight », aux côtés de participations de Bryan Adams, Michael Bublé et Georgie Fame. Deux ans plus tard, elle retrouve ses accents jazz dans les reprises de standards de Turn Up the Quiet (2017), son dixième album pour le label Verve.

Aussi belle que talentueuse, Diana Krall a apporté au jazz un visage séduisant et un suave talent vocal susceptibles d’attirer un public parfois rebuté par les clichés afférents à cette musique. Si elle s’est davantage signalée comme interprète que comme créatrice, la belle canadienne a su montrer son talent d’auteur et sa capacité à développer son répertoire, prouvant s’il était besoin que son succès n’est pas dû qu’à son physique avantageux.