Ludacris débute sa carrière en tant que DJ, avant d’embrasser une carrière de rappeur. En quelques disques et avec le soutien de grands noms (Scarface, The Neptunes, Timbaland), il devient l’un des poids lourds du rap américain et l’un des hérauts de la nouvelle et foisonnante scène du Dirty South, qui s’apprête à éclater dans les années 2000. Producteur, acteur et collaborateur de prestige (auprès de Kylie Minogue, Eminem ou Alicia Keys), il confirme sa stature de rap superstar, poursuivant une carrière couronnée de succès. Après le bon cru Release Therapy de 2006, il cède aux concept-albums avec Theater of the Mind (2008) et Battle of the Sexes (2010), toujours en joyeuse compagnie. En 2015, il accueille Monica, Miguel ou Usher sur Ludaversal.
Chris Bridge, né en septembre 1977 dans l’Illinois, déménage pour Atlanta adolescent, et devient très jeune le DJ vedette de la station Hot 97,5 sous le nom de Chris Lova Lova. Mais jouer les disques des autres suscite chez lui une frustration qu’il soigne en profitant des installations de la radio pour élaborer des maquettes. Il apparaît pour la première fois sur un disque en 1998, sous le nom de Ludichris, en featuring sur le morceau « Phat Rabbit » de Timbaland, le producteur phare de Virginie, déjà célèbre pour son travail avec Missy Elliott et Aaliyah.
Persuadé de son talent, il prend alors les choses en main et fonde son propre label, Disturbing Tha Peace, et réalise avec des producteurs locaux un premier album, Incognegro, qui paraît en 2000. L’impact de ce coup d’essai est surtout local, mais il est arrivé entre les oreilles affûtées de Scarface, le rappeur star des Geto Boys, qui vient de se voir nommer directeur du label Def Jam South. Le rap du sud des USA, qui va emporter tout sur son passage dans les années 2000, est en effet la priorité du mythique label new-yorkais et Ludacris en est le premier artiste. L’album Back From the First Time, n’est autre qu’une version améliorée de Incognegro, remixé et renforcé de morceaux signés The Neptunes, Timbaland et UGK. Le disque est un énorme succès, propulsé par le hit salace (une spécialité de Ludacris) « What’s Your Fantasy ».
« Area Codes » avec Nate Dogg, sur un sample de BT Express, est un hymne à la sexualité débridée et accessoirement le plus gros tube de Word of Mouf, qui hante les charts également grâce à « Rollout (My Business) », produit par Timbaland et « Saturday (Oooh Oooh !) », produit par Organized Noize. Sorti en novembre 2001, ce troisième album établit définitivement Ludacris parmi la liste des champions du rap, à la fois commerciaux et hardcore.
En 2002, il profite de son exposition médiatique pour lancer son crew. L’album Disturbing tha Peace recèle des chansons de Ludacris avec ses protégés (I-20, Tity Boi, Lil’ Fate, et Shawna (la fille du bluesman Buddy Guy). En 2003, il revient avec le festif Chicken-N-Beer, dont le hit majeur est « Stand Up », produit par Kanye West, alors émergeant. L’album se classe n°1, en s’écoulant à près de 500 000 copies dès sa première semaine d’exploitation.
En 2004, sort The Red Light District, au titre inspiré du quartier d’Amsterdam réputé pour ses dames en vitrines. L’album finit double platine et est lui aussi n°1 des ventes dès sa mise sur le marché. En quatre ans, Ludacris a déjà vendu plus de dix millions d’albums.Avec son partenaire Chaka Zulu, ils ont le flair de signer un jeune rappeur de Saint-Louis, Chingy, dont le premier album, Jackpot, mérite bien son nom puisqu’il s’écoule à trois millions d’exemplaires. Après ce coup d’essai et de maître, Chingy quitte Disturbing tha Peace et… ne vend plus rien par la suite ! Ludacris se diversifie alors et se lance dans le cinéma, avec un rôle important dans 2 Fast 2 Furious, la franchise qui enchante les amateurs de tuning, puis dans Hustle & Flow, un film remarqué sur le milieu hip-hop et, enfin, Crash, avec Sandra Bullock et Don Cheadle. Depuis, Ludacris enchaîne les rôles, dans des films d’actions, des téléfilms et même des jeux vidéos.
A ce stade, il ne manque à sa carrière qu’un petit scandale. Il naît en 2003 par le biais de Bill O’Reilly, animateur sur la chaîne de télévision très conservatrice Fox News, qui appelle ses auditeurs au boycott de Pepsi, parce qu’elle a engagé Ludacris dans son nouveau spot et qu’il est un exemple déplorable (« vulgaire et dégradant ») pour les enfants. Il s’ensuit un de ces scandales qui font le bonheur des gazettes, d’autant que pour remplacer le rappeur, la marque choisit Ozzy Osbourne et son épouse, célèbres pour leur reality show sur MTV (The Osbournes) où le langage est fort peu châtié.
Ludacris fait un procès et la marque de soda est obligée de verser plusieurs millions de dollars à des associations caritatives présidées par le rappeur et n’oublie pas de s’en prendre au présentateur conservateur dans ses chansons. Il a par la suite un autre différent médiatique avec l’animatrice Oprah Winfrey, en 2006. Cette même année, il revient avec un album qui cette fois fait un peu de place à son côté sombre. Release Therapy réunit un aréopage d’invités (Mary J Blige, R. Kelly, Pharrell Williams…) et se classe n°1, comme ses prédécesseurs. Depuis, Ludacris a rappé sur un titre de Kylie Minogue, travaillé avec Eminem, figuré sur les disques d’Alicia Keys et Ciara, et « joué » son propre rôle dans un épisode des Simpson.
Un nouvel album, le très anodin Theater of the Mind paraît en 2008. Ce premier concept-album est suivi en mars 2010 de Battle of the Sexes, peu intéressant hormis les singles « How Low » et « My Chick Bad », il comporte néanmoins la participation d’une pléiade d’amis puisque Lil’ Kim,Eve, Ne-Yo, Flo Rida, Trina, Trey Songz et Gucci Mane viennent apporter leur soutien. La chanteuse Shawna démissionne en cours de route. La même année, Ludacris chante sur le tube « Baby » de Justin Bieber. Il faut ensuite cinq ans à Ludacris pour revenir avec Ludaversal où apparaissent Usher, Monica ou Miguel.